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Épisode 10 : le Mississipi comme frontière.

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Feuilleton uchronique

 

 

La Louisiane n’est pas à vendre.

 

Épisode 10 : le Mississipi comme frontière.

 

La première journée de la Louisiane libre s’annonçait longue pour Boisdevant et ses comparses. La première urgence était d’obtenir le départ des Indiens. Pour l’heure, ils se tenaient calme.

Charbonneau s’était arrangé pour que l’alcool ne coule pas à flot. Mais l’inaction est le pire ennemi du valeureux guerrier. Ses pulsions de mise à sac, viols et pillage reviennent vite lorsque l’ennui survient.

C’est ainsi que le premier acte de la Louisiane libre fut d’affréter trois chariots remplis de sacs de haricots secs, de lard séché, de fusils, de munitions et de quelques bonbonnes de mauvais alcool. La cargaison des deux navires, qui avaient amené Laussat et son escorte suffit à satisfaire les revendications des Indiens. En revanche, ils exigèrent que le convoi soit sous le commandement de Charbonneau. Cet arrangement fut complété par un traité sommairement rédigé par un commis de Laussat. L’État de Louisiane s’engageait à aider les à défendre leurs territoires de chasse. En échange, les Peaux Rouges s’opposeraient à toute tentative d’intrusion des Yankees sur la rive droite du Mississipi, car dans l’esprit des indépendantistes louisianais, le fleuve constituerait la frontière Est du pays. Au terme de cette première journée de liberté, le comité des quinze décida de siéger en permanence jusqu’à qu’un accord soit trouvé sur la constitution du pays. Le comité était à l’image du pays. La vieille aristocratie française et espagnole était en position de force, même si Dubernard avait réussi à caser quelques affidés qui n’avaient que faire des quartiers de noblesse mais étaient prêts à commercer avec les Yankees, les Espagnols, les Anglais ou les Indiens pourvu que cela fût lucratif. Enfin, il y avait le clan des aventuriers, qui pensaient que le pays dont ils avaient hérité ne demandait qu’à être exploité et que la fortune était à portée de mains. Une des premières décisions ne fut pas très difficile à prendre : les esclaves resteraient esclaves et il serait possible de continuer le commerce d’ébène. Cela rassura les planteurs, même si rien ne leur garantissait que le sucre, le rhum ou l’indigo allaient trouver preneur après la rupture avec la République Française. Les commerçants n’avaient d’yeux que pour le port de la Nouvelle-Orleans. Ils n’ignoraient pas que les Yankees étaient prêts à payer fort cher pour y accéder. Les aristocrates les regardaient avec méfiance, toutefois malgré la distance, ils entretenaient de bonnes relations avec leurs homologues de Virginie ou de Caroline. Allaient-ils devenir des alliés ou fallait-il se préparer à la guerre ? La situation était complexe. La France n’allait pas rester sans réagir. Les Yankees n’avaient guère apprécié l’indécision française. Pour un état naissant, cela faisait déjà des ennemis puissants. La population de la Nouvelle-Orleans était restée calme, presque passive, comme si elle n’attendait rien. La deuxième journée des débats fut consacrée à politique extérieure. Le fragile état naissant était entouré de mastodontes, les Anglais au nord, les États-Unis à l’est et à l’ouest par les colonies espagnoles. Il avait tout pour attiser les convoitises. La nouvelle Louisiane n’avait les moyens de se défendre contre personne. Seule, une diplomatie habilement conduite pouvait maintenir l’indépendance en attendant que le nouveau pays soit capable de se doter d’une armée. A ce jeu-là, Laussat n’était pas dépourvu d’expérience, et Boisdevant s’était montré fort adroit en réussissant à faire échouer la vente. La seule menace immédiate à prendre en compte se situait bien à l’est du Mississipi. Seule, la nation américaine pourrait mobiliser rapidement des troupes pour s’emparer de la Nouvelle-Orleans. Laussat jugeât qu’il disposait de trois mois avant que l’Espagne et la France ne fussent informées. Aussitôt, décision fut prise d’envoyer une mission à Washington pour ouvrir des négociations d’un accord sur les bases suivantes :

- Le Mississipi marque la frontière entre les deux États ;

- les deux états s’engagent à conclure un traité d’assistance mutuelle ;

- l’accès au port de la Nouvelle-Orleans sera garanti aux navires de commerce, moyennant une faible redevance à négocier.

- les deux états s’engagent à négocier un accord général de commerce permettant des tarifs douaniers le plus bas possible.

Laussat avait très vite compris qu’une alliance avec les États-Unis ou, à défaut leur neutralité était indispensable à la survie de la Louisiane.

 

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28/05/2024
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