Bienvenue en Uchronie

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Episode 8 : Un nouvel état vient de naitre.

massassoit

 

 

 

Feuilleton uchronique

 

La Louisiane n’est pas à vendre

 

 Épisode 8 : Un nouvel état vient de naitre.

 

Il était deux heures du matin, les derniers retardataires se laissaient entraîner dans les ultimes valses lorsque des bruits de bottes retentirent dans l’escalier. Quatre soldats, à priori espagnols, entourant le marquis de Boisdevant firent leur entrée. Interloqués, les invités trouvèrent refuge … derrière le buffet.

Laussat, qui pensait, peut-être, tenir son heure de gloire, s’avança.

- Que se passe-t-il, marquis ? Nos amis espagnols s’agacent ? Les Yankees ont-ils franchi le Mississipi ?

- Rien de tout cela, monsieur le préfet. Je suis le représentant de la Louisiane libre et indépendante, Je vous prie de bien vouloir me suivre, nous allons vous mettre en sûreté. Dès que possible, vous reprendrez la mer pour la France et vous informerez le premier Consul que la Louisiane est libre de s’administrer comme elle l’entend. Elle ne reconnaît aucune tutelle.

- Auriez-vous abusé du cognac ou de quelque substance propre à troubler l’esprit ? Pensez-vous que le premier Consul va rester sans réagir ? Je vous rappelle que je suis arrivé avec une escorte qui contrôle les navires. Elle se tient prête à bombarder la ville.

- Les navires sont désormais sous notre contrôle. Vos hommes sont désarmés. Je vous invite à jeter un regard à la fenêtre.

Laussat n’en croyait pas ses yeux. Plus de deux cents hommes armés, Blancs et Indiens mêlés cernaient la résidence. Le préfet comprit vite qu’il serait vain de résister. Pour autant, il ne se voyait pas reprendre le bateau sous la pression d’une armée de va-nu-pieds et de sauvages. Il est des moments cruciaux pour le destin des hommes. Celui-ci en était un pour Pierre Clément Laussat. Il devait décider en quelques secondes de quel côté irait le sien.

- Marquis, faîtes sortir vos soldats et les invités. Nous devons parler seul à seul. Je vous promets de ne rien tenter, mais faites évacuer l’étage. Personne ne doit entendre nos échanges.

De Boisdevant était un peu désorienté. Il s’était attendu une résistance, au moins symbolique. Il pensait même qu’il aurait à maîtriser Laussat. La situation ne lui laissait guère de choix. D’un signe de tête, il fit sortir les invités, et dans le même mouvement, se débarrassa de son escorte. Les deux hommes s’installèrent à distance respectueuse, mais de manière à se comprendre sans élever le ton. Le marquis s’empara d’une bouteille de xérès et remplit deux verres. Laussat avala le sien d’un trait.

- Permettez-moi de vous féliciter. Votre rébellion a été admirablement préparée.

Le marquis s’inclina en guise de remerciement.

- Mais, maintenant que vous êtes libres et indépendants, qu’allez-vous faire ? Disposez- vous d’hommes capables d’écrire des lois et de les faire appliquer ? Disposez-vous d’hommes capables de négocier avec les Yankees, le souverain d’Espagne ou le premier Consul ? Savez-vous quelle forme de gouvernement vous allez adopter ?

Une sorte de vertige gagna Boisdevant. Le verre de xérès, qu’il avala aussi d’un trait, n’arrangea pas la situation.

- Nous ne manquons pas d’hommes valeureux.

- J’entends bien, marquis, et je ne doute pas du courage des vieux aristocrates français ou espagnols. Mais, il vous manque des hommes sachant gouverner.

Le marquis, encore plus dépité, hocha la tête.

- Donc, selon vous, nous aurions tout à gagner en renonçant.

- Sûrement pas !

Laussat sentit que le moment était venu de faire basculer le destin.

- Je me range à vos côtés. Je suis un homme d’expérience. J’ai amené avec moi un avocat et cinq commis de bureau qui nous seront d’un grand secours. J’ai un réseau innombrable de connaissances en France et ailleurs que je peux mettre à votre service.

- Vous trahiriez Bonaparte ?

- Depuis que je suis ici, je n’ai cessé d’ouï dire, que vous étiez méfiants. Car il avait pensé vous vendre aux Yankees. Donc, je n’ai guère confiance en cet homme.

- C’est nous qui avons fait échouer la manœuvre.

- Et vous avez bien fait. Maintenant, il faut que nous mettions en valeur cet immense pays. Une grande aventure nous attend.

- Quel rôle pensez-vous jouer ?

- Je crois que vous avez constitué une assemblée d’une centaine de personnages importants de la Nouvelle-Orleans et des alentours.

- Bon nombre d’entre-eux étaient présents à cette réception.

- Très bien, c’est devant eux que je détaillerai mon dessein pour la Louisiane. J’ai eu trois mois de voyage pour y songer.

De Boisdevant était interloqué par l’audace et l’assurance de cet homme.

- Attendez, je fais venir les hommes de notre assemblée, je ne doute pas que vous allez les convaincre.

Le soleil levant commençait à caresser les eaux paresseuses du Mississipi appelant les esclaves au travail dans les champs de coton. Nous étions le trois avril 1803 et une nouvelle Louisiane venait de naître.

 

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02/04/2024
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