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Episode11 : Coup fourré à Saint-Domingue

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Feuilleton uchronique

 

 

 

 

La Louisiane n’est pas à vendre.

 

Episode11 : Coup fourré à Saint-Domingue

 

Laussat n’ignorait rien de la situation de l’île et du piètre résultat de l’expédition lancée par Bonaparte pour récupérer le pouvoir dans cette riche colonie. Ce sont plus de trente mille hommes qui allaient débarquer en 1802. Bonaparte avait beaucoup tergiversé avant de lancer ses troupes à la reconquête de l’île sur laquelle régnait Toussaint Louverture.  Il avait été nommé gouverneur par la République Française, à la suite de la révolte de 1793 qui avait conduit à l’abolition de l’esclavage. Jouant habilement de la rivalité entre la France et l’Angleterre, il avait réussi à étendre son influence sur le sud de l’île. Les esclavagistes français avaient fui, dont certains en Louisiane. A Paris, les tenants d’une politique coloniale pure et dure, prônaient le rétablissement de l’esclavage. Menés par le deuxième Consul Cambacérès, ils parvinrent à convaincre qu’il fallait reconquérir l’île. Les choses avaient plutôt bien commencé. Louverture avait été capturé et transféré en métropole. Mais voilà les troupes de Bonaparte se heurtèrent à un ennemi bien plus redoutable que les troupes de Louverture : la fièvre jaune. Elle s’abattit sur l’armée française mal immunisée contre cette maladie tropicale. Au jour de l’indépendance de la Louisiane, il ne restait que sept à huit mille hommes. Cependant, des colons blancs, réfugiés à Bâton Rouge avaient parlé de deux îlots sur lesquelles s’étaient réfugiées des troupes et au larges desquelles mouillaient deux navires de guerre. On ne savait plus très bien qui ne les commandait ni ce qu’ils allaient devenir. Rejoindre les hordes de pirates qui écumaient la mer des Caraïbes ? Se vendre aux Anglais, aux Espagnols ? Dès qu’ils apprirent la nouvelle, Laussat et Boisdevant y virent une belle opportunité pour commencer à mettre sur pied une armée digne de ce nom. Laussat était encore formellement représentant de l’état français et c’est bien en son nom qu’il comptait s’adresser aux commandants des deux navires pour les convaincre de rallier la Nouvelle-Orleans. Il présenta son projet au Conseil des Cent. Pour la première fois, il se heurta à une opposition farouche. Bien sûr, l’Assemblée aurait accueilli chaleureusement ces hommes, s’ils étaient venus d’ailleurs, c’est-à-dire d’un pays où ne sévissait pas la fièvre jaune. Laussat fît valoir que ces hommes n’étaient plus en contact avec des malades depuis longtemps. Mais, la peur n’obéit à aucune règle et les émotions prennent vite le pas sur la raison. Finalement, de la Moriciere,  jouissant de l’estime générale pour avoir toujours défendu les intérêts des colons espagnols ou français, emporta la décision en se déclarant volontaire pour diriger l’expédition. Les deux navires, qui avaient conduit Laussat en Louisiane, furent prestement réarmés et approvisionnés. Personne ne savait, au juste, combien accepteraient de venir à la Nouvelle-Orleans. Sans le dire, Laussat et Boisdevant connaissaient bien la faiblesse du nouvel État de Louisiane : le manque de soldats aguerris. Si la fièvre jaune en avait laissé vivre une poignée, ils seraient preneurs. Laussat prépara une missive au nom du premier Consul. N’était-il pas toujours son représentant ? Elle était à destination des commandants des deux navires.

 

Messieurs,

 

Je me nomme Pierre Clément Laussat. J'ai été nommé gouverneur de la Louisiane par le premier consul. Maintenant que cette belle province est revenue dans le giron de la France, il importe que tous les moyens disponibles en mer des Caraïbes soient mis à ma disposition afin d’en assurer la défense. Aussi, je vous demande de vous placer sous les ordres de monsieur de la Moricière. Ensuite vous mettrez le cap sur la Nouvelle-Orléans. Au nom du premier consul, je vous amnistie de tous les actes de déloyauté et de trahison que vous auriez pu commettre auparavant.  Vous trouverez vos distinctions et grades dès votre retour à la Nouvelle-Orléans.

 

Lorsqu’il montra ce courrier à de la Moricière, ce dernier faillit éclater de rire.

-          Vous ne manquez pas de culot Laussat, vous venez de trahir le premier consul et après vous parlez en son nom.

-          Que voulez-vous de la Moricière ? Être libre ? Pensez-vous que sous le joug des yankees ou celui du premier consul, vous allez pouvoir poursuivre votre vie tranquille ?

De la Moricière haussa les épaules.

-          Je fais partie de la vieille noblesse, Laussat. Je sais ce que vaut la parole donnée. Vous pouvez compter sur moi.

Le gouverneur s'inclina, sans que l'on sache si c'était par respect, ou par mépris. Deux jours plus tard, les deux navires qui avaient amené Laussat quittait la Nouvelle-Orléans.

 

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06/06/2024
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